Abominations

par Christelle  -  14 Avril 2025, 10:08  -  #Belfond, #Littérature Américaine, #Non fiction, #Rentrée littéraire 2025

Abominations de Lionel Shriver aux Éditions Belfond 

 

 

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Catherine Gibert

 

" La lecture et l'écriture de fiction sont motivées en partie par un désir d'introspection, de réflexion. Mais cette forme d'écriture est aussi le fruit d'un besoin irrépressible de se libérer de la claustrophobie de notre propre expérience. L'esprit d'un bon roman doit être fait d'exploration, de générosité, de curiosité, d'audace et d'empathie. Moi qui écris le jour et qui lis le soir en me couchant, je ressens un immense soulagement à échapper à mes pensées. Même si les romans et les nouvelles ne remplissent cet office que par l'illusion, la fiction contribue à faire tomber les barrières exaspérantes qui nous séparent et, pour un court laps de temps, nous permet de pénétrer la réalité étonnante d'autres gens. La dernière chose dont les auteurs de fiction ont besoin, c'est d'être limités dans ce qui leur appartient. "

 

En lisant Abominations, des chroniqes mais aussi des billets d'humeur, de Lionel Shriver, publiés dans différents journaux et magazines comme The Gardian ou encore The New York Times entre autres, on découvre un bel aperçu de ce que pense l'auteure de certains sujets qui font l'actualité à travers de belles reflexions toujours accompagnées d'une belle ironie assez mordante mais avec beaucoup de sincérité. 

 

 

" (...) Franchement, je ne comprends pas les lecteurs qui portent des jugements étriqués sur les personnages du roman qu'ils sont en train de lire et sur son auteur au lieu d'apprécier une bonne histoire.

 

Q'ils soient question de son rapport avec la religion, de ses souvenirs d' adolescente, de l'obesité morbide de son grand frère anticonformiste, de sa meilleure amie et de son amitié entachée par la maladie, de sujets assez personnels qui lui ont inspirés certains livres, mais aussi sur l'appropriation culturelle, sur la censure en littérature ou au cinéma, qui entraine aux États-Unis des retraits d'oeuvres complètes des écoles et même des librairies. 

 

 

Nous vivons une époque de délation. Une époque cynique, aussi; nous partons du principe que la morale ne peut venir que de la législation ou d'un décret culturel indiscutable. Soulevez la question de la liberté d'expression dans n'importe quelle assemblée, tout le monde s'accordera sur les innombrables moyens qu'il faut mettre en œ pour restreidre cette abominable liberté. " 

 

Elle aborde également les tics de langages, l'absence de ponctuation, un choix pas toujours judicieux pour certains écrivains, qui prennent le risque de perdre des lecteurs. 

 

 

" Ces temps-ci, les auteurs blancs hétérosexuels dont les personnages ont une origine etnique, une race, un handicap, une identité sexuelle, une religion ou un milieu social différents des leurs peuvent s'attendre à voir leur travail soumis à un examen minutieux - et pas seulement sur les réseaux sociaux . Les éditeurs jeunesse embauchent désormais des sensitivity readers  pour passer au peigne fin les manuscrits à la recherche d'éventuels affronts que pourraiot ressentir tel ou tel groupe protégé - statut réservé autrefois aux monuments historiques. " 

 

Lionel Shriver assume et a le courage de ses opinions, même en ce qui concerne le Brexit, ou l'argent. 

Un brin en colère, parfois comme lorsqu'elle témoigne sur les cyclistes londonien, et leurs comportements, qui nous en rappellent d'autres. 

Lire ce livre, c'est un peu comme assister à une conférence avec l'auteure, où seraient abordés différents thémes, un moment de partage toujours intéressant, et enrichissant.

 

Lionel Shriver

 

 

 

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