Me tenir droite

Me tenir droite de Denis Soula aux Éditions Joelle Losfeld

 “ Je vais dire ces choses d’emblée, je suis la méchante de l’histoire, je suis la criminelle, je sors de taule. ” 

Commence ainsi l’histoire de cette femme, cette mère qui a perdu un de ses deux fils suite à un accident dont elle est responsable. 
 

“ Les fameuses démones pénétraient dans la cellule, soufflaient les mots de la haine, me laissant moi aussi ensanglantée. ” 

La prison elle l’a méritée et même sortie en conditionnelle, elle continue à sa façon à expier ses fautes, sans chercher de compassion avec juste un soupçon d’espoir pour revoir le fils toujours là. 

” D’un côté, je l’ai détestée, je l’ai haïe et lui ai longtemps craché dessus pour ce qu’elle avait fait, de l’autre, sa punition m’a sauvé la vie. ” 

C’est aussi l’histoire du fils vivant, amputé en quelque sorte d’une partie de lui, ayant perdu son frère, mort au cours du drame, presque orphelin de mère, cette mère toujours présente dans ses pensées. Mais pourra-t-il lui pardonner ? 

“ J’ai toujours l’espoir de laisser la douleur de l’amputation d’un de mes fils dans un lieu où j’arrive et que je quitte un peu plus tard, mais ça ne marche pas, ça ne dure pas, la douleur s’arrange pour retrouver ma trace et de lutte lasse je la laisse s’agripper et plonger dans mes poches. On se connaît, on se soutient, que ferais-je sans elle ? ”

Denis Soula fait d’un destin tragique, un moment de grâce littéraire. 
Du bout de sa plume, le drame devient un récit bouleversant où Sagan et Lavilliers surgissent au hasard de ces vies brisées comme des béquilles auxquelles se raccrocher pour tenter de se tenir droit malgré la douleur, la peine, la culpabilité. 

“ Je suis la prisonnière du château, coincée au carrefour, encerclée par les bagnoles, les vélos, les clients et mon jeune chevalier. C’est un sortilège dont je m’arrange. Le pincement au cœur de ne pouvoir m’aventurer au-delà, je l’accepte. ”

Un roman d’une beauté renversante et douloureuse. 
 

Un énorme coup de foudre. 
 

“ Les morts attendent que nous soyons seuls dans l’obscurité pour sortir de derrière les rideaux. ” 

Amour Électrique (Ici) 

Denis Soula