Ce qu’il faut de nuit

par Christelle  -  1 Novembre 2021, 14:05  -  #Coup de cœur, #La Manufacture de livres, #Littérature française, #Rentrée littéraire 2020, #Roman noir, #Roman

Ce qu’il faut de nuit

Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin aux Éditions de La Manufacture de livres

 

 

« Quelle merde. Quelle merde que cette vie. » 

 

Après un long combat contre la maladie, la mère s’est éteinte laissant son homme et ses deux jeunes garçons seuls. 

Le père doit faire face et même s’il lui serait facile de se laisser submerger par la douleur, il ne peut se le permettre, il doit s’occuper de ses fils, autant que faire se peut. 

Une routine s’installe entre eux, les enfants grandissent et commencent à s’affirmer, surtout Fus, l’aîné. 

 

” On se serait cru au théâtre : on gardait nos distances, on mesurait nos entrées et nos sorties, histoire de ne jamais nous retrouver coincés dans un même couloir. C’était fini le temps où on se serrait autour du petit lavabo de la salle de bains pour se laver les dents. (…) Désormais nos mouvements étaient empesés, pleins de précautions : il fallait laisser une bonne marge, si possible laisser l’autre dégager les lieux avant d’y entrer. Comme si on portait un scaphandre d’une tonne et qu’on marchait dans une putain de zone radioactive.
(…) Ce n’était pas le regard des autres, comme je l’avais cru d’abord : ceux qui savaient n’avaient pas l’air trop choqués. Rien de ce que je craignais n’était arrivé. J’avais un fils différent et les gens semblaient s’en accommoder. “ 

 

Le père n’accepte pas les fréquentations fachos de Fus, même si les deux frères restent proches, un fossé se creuse, jusqu’au jour où tout bascule…

 

Ce que j’en dis : 

Décidément la Lorraine peut s’enorgueillir de cette nouvelle plume de l’enfant du pays. Et étant moi-même Lorraine, je peux vous dire que je suis plutôt fière moi aussi, c’est mon petit côté chauvine qui s’affole. 

J’avais eu quelques très bons échos sur ce premier roman, sans trop m’y attarder pour garder la surprise et rester un maximum objective. Et je reconnais, on ne m’a pas menti. 

C’est la gorge nouée, le cœur serré, sous tension extrême que j’ai lu cette histoire déchirante. 

Car en tant que parents, nous pouvons tous être confrontés à cette terrible épreuve, qui remet en cause toute l’éducation que l’on a donné à nos enfants. 

Face à une telle situation, les questions se bousculent, la déception s’installe, la culpabilité surgit et l’on ne peut pas s’empêcher de tout remettre en question. On a beau tenter de leur donner une bonne éducation, inculquée une bonne moralité, on ne peut pas gérer les divers fréquentations qui seront sur la route de nos enfants et les mèneront vers des chemins pas toujours honorables.

Avec ses mots qui dégagent une multitude d’émotions sans une once de pathos, son écriture âpre, son style qui nous happe, Laurent Petitmangin nous offre un premier roman fabuleux, où les multiples douleurs d’un père se révèlent avec pudeur nous laissant sans voix, le cœur brisé, en larmes mais heureuse d’avoir en main un tel roman absolument exceptionnel et inoubliable. 

J’espère qu’il va continuer à dépoussiérer les manuscrits qui dorment dans ses tiroirs, car j’ai vraiment hâte de retrouver cette plume de caractère absolument bouleversante. 

 

Pour info : 

Laurent Petitmangin est né en 1965 en Lorraine au sein d’une famille de cheminots. Il passe ses vingt premières années à Metz, puis quitte sa ville natale pour poursuivre des études supérieures à Lyon où il se passionnera également pour le théâtre. 

Après avoir vécu deux années au Bangladesh, premier de ses nombreux séjours longue durée à l’étranger, il rentre chez Air France, société pour laquelle il travaille encore aujourd’hui. 

Grand lecteur, il écrit depuis une dizaine d’années et entassé les manuscrits dans ses tiroirs. 

Ce qu’il faut de nuit est son premier roman. 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :