Jour encore, nuit à nouveau

par Christelle  -  9 Janvier 2023, 15:34  -  #Coup de cœur, #Littérature française, #Rentrée littéraire 2020, #Rentrée littéraire 2021, #Rentrée littéraire 2023, #Roman noir, #Thriller psychologique, #polar, #Le Quartanier

Chroniques de la place Carrée

Chroniques de la place Carrée

Jour encore, nuit à nouveau de Tristan Saule aux Éditions Le Quartanier 

“ Le dimanche, été comme hiver, la place carrée grouille de monde. Le fait qu’elle soit toujours coquette est un enjeu. C’est la vitrine de ce quartier populaire, la vitrine de tous les quartiers populaires de cette ville. En période électorale, les candidats et militants l’arpentent pour tracter et essayer de convaincre un par un les riverains indécis et majoritairement abstentionnistes. Dans les Hauts, qui regroupent les quartiers de Saint-Émile, de la Coulée, des Coches, et de Sainte-Thérèse, vivent dix pour cent des habitants de Monzelle. ”

La place carrée prends ses quartiers dans le premier volet, des chroniques de Tristan Saule, débutées en 2020, à travers Mathilde, le premier personnage central de cet endroit. Et si Mathilde ne dit rien, elle n’en pense pas moins. En sept jours, cette femme, travailleuse sociale va se battre pour aider ses voisins dans la galère. 

“ La lumière décline. Les oiseaux de jour croisent les oiseaux de nuit, indifférents les uns aux autres, deux faces d’une même pièce dans un quartier où personne n’a de leçon à donner à personne. Tu gagnes ta vie comme tu peux. Tu vends du shit ou tu es caissière chez Leader Price, c’est du pareil au même. La morale n’a pas de gosses à nourrir. ” 

Ainsi débute les chroniques de la place Carrée, un récit contemporain social, habité par la noirceur des âmes humaines où pourtant quelques bonnes âmes résistent pour ne pas complètement disparaître. 

Oui Mathilde ne dit rien, mais elle agit, de manière à réparer ses erreurs du passé. 

“ Au cinéma, qu’ils soient gagnés ou perdus, les procès apportent toujours quelque chose aux protagonistes. Dans la vie, il arrive qu’ils n’apportent rien. Ni argent, ni justice, ni soulagement, ni conclusion. ” 

En 2021, nouvelle chronique et de nouvelles héroïnes font leurs apparitions. La pandémie fait des ravages, et la place carrée n’est pas épargnée. Le confinement amène autant de pression à l’hôpital qu’au sein des réseaux de dealers. L’ héroïne ne joue pas forcément dans la même cours. 
 

Puis arrive 2022, et son lot de dommages collatéraux, de paranoïaques, de flippés, de rebelles, de déclassés. 

Jour encore, nuit à nouveau, les chroniques se suivent mais ne se ressemblent pas. C’est peut-être même encore pire, si on y regarde de plus près. 
 

“ Si la bête a mon apparence, qu’elle parle comme moi, et qu’elle pense comme moi, ça veut dire que la bête , c’est moi. ” 

Quand comme moi, tu vis dans ce genre de quartier, une zone sensible, tu connais bien cette ambiance où les sifflements des jeunes guetteurs préviennent de l’arrivée de la police. T’as d’ailleurs jamais vu autant de flics que depuis que t’habite là. Ils ne sont pourtant pas forcément les bienvenus pour tout le monde. 

Et pour rendre si réaliste, cette place carrée, il est certain que l’auteur connaît bien la France dites silencieuse, pour nous offrir cette radiographie si bien représentative de notre société, à travers une galerie de portraits authentiques, les désenchantés, les gens ordinaires qui portent plus facilement un gilet jaune, qu’un costard cravate et pourtant ils en taillent des costards à longueur de journée ici et là, faut bien qu’ils s’occupent. 

En attendant, ces chroniques ne manquent pas d’humanité et reflète bien la crise sociale à travers ces tranches de vies. Des chroniques de faits divers avec un casting de gens ordinaires, qui deviennent parfois extraordinaires, voir même sanguinaire, à défaut d’être entendu. 

Si vous ne connaissez pas encore cette trilogie, faites comme moi, jettez vous dessus, c’est bien mieux que tout ce que vous pourrez entendre dans les journaux télévisés de désinformations… 

Parfois brutal, mais d’une grande justesse. 
 

Ici, on vous parle de la vraie vie, des vrais gens, c’est pour ça que ça claque. 

C’est publié chez le Quartanier et croyez-moi la place carrée aussi  mal fréquentée soit-elle mérite le détour, ne serait-ce que pour rencontrer Mathilde, Laura, Thierry, Idriss, Zoé, et tous ces gens qui font battre le cœur de cette place carrée qui ne tourne pas toujours bien rond, il n’y a qu’à voir Loïc, mais qui fait ce qu’elle peut pour survivre. 

Tristan Saule
 

 

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