Le fantôme de Suzuko
Le fantôme de Suzuko de Vincent Brault aux Éditions Héliotrope
“ Je roule lentement dans la rue et sur les trottoirs, j’observe, je regarde, je scrute, c’est plus fort que moi, je me dis que Suzuko finira bien par apparaître au coin d’une rue. Mais je ne vois que des formes vides. Son corps découpé çà et là dans la lumière. Formes noires. En creux. L’impression de ce qui manque. La présence de l’absence. ”
C’est effectivement : La présence de l’absence que l’on ressent à travers ce récit où certains personnages mis sur notre route nous mèneront petit à petit vers Suzuko, l’amoureuse de Vincent disparue de manière singulière.
“ Sans elle.
Je me sens perdu, seul, désemparé. Des tonnes d’impressions. par à-coup. Des phrases les unes après les autres. Syncopées. Son nom souvent. Son nom partout. Dans chaque mot. Dans chaque paysage. Dans la profondeur de l’écran. Dans l’épaisseur des pages.
Suzuko. ”
A travers cette errance poétique, à Tokyo, le fantôme de Suzuko est partout et nulle part à la fois, mais reste ancré dans le cœur de Vincent qui n’arrive pas à l’oublier au point de la laisser errer à ses côtés.
Vincent Brault est canadien et pourtant sa plume m’a souvent fait pensé à Yoko Ogawa, car elle est imprégnée de cette ambiance particulière que l’on trouve dans les beaux romans japonais, où certains personnages hors normes voyagent entre le rêve et la réalité, en prenant des apparences parfois surprenantes.
Le fantôme de Suzuko fait partie de ces livres qui laissent de beaux souvenirs aux lecteurs qui sauront apprécier l’imaginaire de l’auteur pour nous parler de l’amour sans guimauve, mais aussi du deuil sans pathos, mais au contraire avec beaucoup de délicatesse et de poésie
.
Une très belle découverte et un énorme coup de cœur.