Là où la terre ne vaut rien

par Christelle  -  16 Mars 2024, 21:34  -  #Coup de cœur, #Littérature Américaine, #Littérature étrangère, #Rentrée littéraire 2024, #Récit autobiographique, #Éditions du Sous-sol

Là où la terre ne vaut rien de Ted Conover aux Éditions du sous-sol 

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Anatole Pons-Reumaux 
 

“ À quoi ressemble la vie là-bas ? Qu’est-ce qui pousse les gens à s’y installer ? Qui y rencontre-t-on ? Comment y survit-on ? ” 


 

 

Pour répondre à toutes ces questions qu’il se posait, Ted Conover a décidé de s’installer Là où la terre ne vaut rien dans la vallée de San Luis au Colorado, afin de comprendre ces hommes et ces femmes qui y vivent, reclus, quasiment coupés du monde. 

Débutant d’abord en étant bénévole pour une association locale qui apporte justement son aide à des sans-abris mais également à cette communauté lorsqu’il leur arrive d’être vraiment dans le besoin. 

 

“ Parfois l’attitude consiste à dire : je préfère avoir une vie difficile ici que d’être méprisé en ville. On peut trouver ça idiot , mais c’est leur choix. ” Un choix pas toujours tenable, parce qu’ils ont beau posséder leur lopin de terre, ils restent pauvres, avec une marge de manœuvre limitée en cas de pépin. Souvent, ils viennent au refuge dès les premiers frimas, lorsqu’ils constatent à quel point l’hiver est rude. Les plus tenaces ont souvent un revenu fixe quelconque - une pension d’ancien soldat, ou des allocations handicapé, par exemple - sans quoi île est difficile de gagner sa vie. La plaine est éloignée des emplois, et trouver un emploi exige un moyen de transport fiable, ce dont nombre d’entre eux ne disposent pas. ” 

 

Tout en  leur apportant de l’aide, qu’ils ne demandent pas forcément, fuyant la charité, préférant rester autonome,  il fait connaissance avec cette population très éclectique allant de famille isolée, vers des vétérans, des amateurs d’armes à feu, des consommateurs et cultivateurs de marijuana, et également des personnes souffrant d’anxiété sociale, des survivalistes, des immigrés complotistes, des personnes en décalage avec le reste de la société, des radicalisés, qui à force de rejeter le permis de conduire mais aussi l’usage d’un numéro de sécurité sociale se retrouvent confinés aux marges de la société, et d’autres dont il soupçonne un passé hors-la-loi. 


 

“ J’aime la diversité des habitants, beaucoup de profils qu’on ne trouve pas dans une grande ville. Et j’aime la décontraction qui règne ici, où l’on est moins obsédé par l’idée de laisser une trace que dans mon cercle new-yorkais. C’est un monde magnifique, sauvage et mystérieux, un havre pour les presque fauchés.” 

 


 

“ De manière générale, les habitants de la prairie sont plutôt des gens pauvres en quête d’une nouvelle vie - avec plus d’autonomie, moins de factures d’eau, de gaz et d’électricité, et, dans de nombreux cas, beaucoup d’espace entre eux et leurs voisins. La plupart semblent fuir des vies américaines plus conventionnelles qui sont devenues intenables, que ce soit à cause de l’accumulation des factures ou de celle des désillusions. ” 

 

Par la suite, après de nombreuses recherches il décide de s’acheter son propre terrain et pendant quatre ans, il va vivre au cœur de cette communauté et y découvrir la dureté de cette vie, où il faut affronter le climat si froid en hiver et si chaud en été. Un endroit magnifique où la misère est partout et où il faut se méfier des voleurs, des rôdeurs autant que des serpents, où pourtant il y règne une entraide incroyable entre voisins, malgré les difficultés des uns et des autres. 

 

 

“ Ces gens qui ont si peu se serrent les coudes, s’unissent contre des ennemis, réels ou imaginaires. Au milieu de nulle part, ils partagent des repas, des boissons, des remèdes. À moins d’être journaliste (ou bien de croire dans la science), on peut trouver dans ce foyer de bric et de broc une vraie chaleur humaine. Leur isolement n’est pas une solitude. ” 


 

Un nouveau départ pour certains, un endroit pour se cacher pour d’autres, propriétaires ou locataires, mais avec pour le seul objectif de Vivre ou du moins Survivre, Libre, même si on est loin du rêve américain, pour beaucoup ça y ressemble. 

 

“ Les vaste étendues de la prairie voient affluer non seulement ceux qui cherchent la liberté dans le bon sens du terme, mais aussi ceux qui cherchent la liberté vis-à-vis de leurs mauvaises actions commises dans le passé - voire la liberté d’en commettre de nouvelles. ” 



Ted Conover nous livre à travers ce récit, un témoignage authentique, partageant avec nous sa propre expérience auprès de ces survivalistes d’un autre genre, des hommes et des femmes qui vivent isolées par choix, préférant vivre de peu, mais avant tout de VIVRE LIBRE, Là où la terre ne vaut rien. 

“ Dix mille parcelles de terrain, ça fait dix mille rêves potentiels. ”

“ Ce que l’on voit aujourd’hui, c’est une étendue naturelle magnifique qui se vend par parcelles- une terre vierge, disponible à l’achat pour une bouchée de pain, un paysage sur lequel même une personne aux moyens très limités peut imaginer laisser une trace. ” 

 

Un récit passionnant, fortement enrichissant dans la veine de Nomadland de Jessica Bruder, pour tous ceux qui comme moi s’intéressent aux laissés-pour-compte qui préfèrent vivre en marge de la société. 
 

Ted Conover


 

 

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Z
Merci je note :le thème m'intéresse beaucoup .
Répondre
S
C’est passionnant vous verrez, je dois lire ses précédents maintenant ☺️