Mort à Mud Lick

par Christelle  -  10 Novembre 2021, 14:01  -  #Le Globe, #Essai, #Littérature Américaine, #Rentrée littéraire 2021

Mort à Mud Lick d’Eric Eyre aux Éditions Globe 

Traduit de l’américain par Romain Guillou

“ Je ne savais pas comment commencer mon histoire. Ce n’est que lorsque Andy me montra les cartes statistiques et leurs sinistres nuances de violet profond , comme des ecchymoses, que je choisis la première phrase. Elle me vint à la maison, au beau milieu de la nuit. Je me tournai sur le côté du lit, tâtonnai pour trouver un stylo et griffonnai sur un bout de papier : Suivez les comprimés et vous trouverez les morts par overdoses. ” 

Eric Eyre fait partie des journalistes américains qui ne lâche rien surtout lorsque le sujet met en cause des milliers de vies humaines. Imaginez des dealers en blouse blanche, responsables de cette addiction, cela dépasse l’entendement. 

“ 780 millions de comprimés, 1728 morts. ” 

Comment imaginer que l’industrie pharmaceutique n’ait jamais été inquiété ? Peut-être que ses liens avec un procureur de l’état y est pour quelques choses ? Sans parler de la DEA… des pharmaciens, des centre anti-douleurs, des médecins, les grossistes-repartiteurs, tous complices. 
 

“ Perdue Pharma comprit très vite que les Appalaches étaient l’endroit rêvé pour vendre son médicament. On consommait énormément d’analgésiques dans la région. Les mineurs affectés à l’extraction de charbon travaillaient sur d’énormes machines, ce qui augmentait considérablement le risque d’accidents et de blessures. La région, isolée, était aussi frappée par la pauvreté et le désespoir. Le petit comprimé rond pouvait tout arranger. ” 

En rendant accro des milliers d’américains avec l’Oxy Contin ce médicament devint le meilleur ami de nombreuses personnes, il supprimait la douleur, annihilait les émotions et remplissait les poches de toutes ces entreprises cupides, sans scrupules, pourries par la corruption. Un marché juteux qui fermait les yeux des différentes autorités sensées protéger la population. 

“ – Qui surveillait les médecins et qui a permis que cela se produise ? […] Que faisait l’Ordre des médecins de l’État pour réglementer cette pratique et pourquoi n’est-il pas intervenu ? Le grossiste a la responsabilité de surveiller les commandes suspectes, soit. Mais qu’en est-il de la responsabilité du fabricant qui, au moins à un moment donné, a fait la promotion de narcotiques inscrits au tableau II, les présentant comme une réponse à la douleur chronique avec des risques d’abus et de dépendance limités ? Qu’en est-il de la responsabilité de la DEA ? ” 

Plus Eric Eyre avance dans ses investigations, plus ce qu’il découvre est hallucinant. 

“ Debbie fut dévastée par la mort de Timmy Dale, deuxième frère cadet emporté par une overdose. Avec Tomahawk, ils avaient la sale impression que tout n’avait pas été fait pour le sauver. Les pompiers de Williamson disposaient d’un antidote à utiliser en cas d’overdose, capable de réveiller les personnes qui avaient cessées respirer. C’était de la naloxone, mais tout le monde l’appelait par son nom de marque, le Narcan. Kermit et les autres pompiers volontaires du conté de Mingo n’en n’avaient pas. Ils n’avaient pas les moyens d’en acquérir. Les pompiers intervenaient sur des overdoses sans ce médicament essentiel pour sauver des vies. Ç’aurait pu sauver Timmy Dale. Il était difficile d’avoir accès à ce médicament qui sauve des vies, alors que les drogues qui tuent se trouvaient en abondance. Ce n’était pas normal, dit Debbie qui m’appela pour me demander si je pouvais faire quelque chose afin d’aider la ville à obtenir du Narcan. Je lui promis d’écrire un article sur le sujet. ” 

Fidèle à la devise du journal qui l’emploi, « S’indigner sans relâche » et malgré les difficultés du journal qui est en grande difficulté financière, le journaliste ira jusqu’au bout de son enquête, et sera même aidé par des citoyens et réussira à ébranler ce trafic d’antidouleurs. 

Grace à son travail, son journal, le Charleston Gazette Mail, fut plus petit journal de tous les temps à remporter le prestigieux prix Pulitzer. 

Une enquête extraordinaire et colossale sur la plus grande épidémie d’Opioïdes à découvrir absolument. 

Pas besoin de prendre de l’OxyCodin pour halluciner, il suffit de lire Mort à Mud Lick. 
 

Pour se récit, Eric Eyre a remporté le Prix Pulitzer du reportage, le prix Edgar Allan Poe du meilleur livre d’enquête et meilleur livre de l’année 2020 du New York Times.

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