Pas de littérature !

par Christelle  -  23 Mars 2022, 22:24  -  #Gallimard, #Littérature française, #Rentrée littéraire 2022, #Roman noir

Roman

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Pas de littérature ! De Sébastien Rutés à La Noire chez Gallimard 

Littérature : nom féminin, réunissant les œuvres écrites, dans la mesure où elles portent la marque de préoccupations esthétiques ; connaissances, activités qui s’y rapportent.

« Dans la vie comme en littérature, le sens n’est jamais figé, tout est une question d’interprétation. »

Ne vous y trompez pas, il est bien question de littérature dans un genre très particulier qui sied à merveille à La Noire de Gallimard, prestigieuse maison d’éditions où même les truands rêvent d’y être publiés . 

« Ils sont bien contents de palper le blé de Gallimard, tes auteurs. […] La plupart sont des alcoolos, anciens veilleurs de nuit, boxeurs ratés, ou chauffeurs de taxi qui publient au lance-pierres dans des revues en mauvais papier. » 

Pour la petit pitch, sachez que l’histoire se situe à Paris, le haut lieu de la littérature (J’en sais quelque chose, suis toujours trop loin pour les rencontres littéraires très fréquentes qui s’y passent chaque semaine ici et là à Paname), donc, nous sommes en 1950, après la guerre, et Gringoire Centon, un traducteur de la Série Noire qui pourtant maîtrise mal l’anglais et qui du coup se fait assister par sa moitié, se contente de corriger son travail en y apportant quelques touches d’argot glaner dans les bistrots fréquentés par la voyoucratie. 
 

« J’étais un mélange de Chourineur et de Cheri-Bibi à la sauce Chicago, Fantômas capable de changer d’identité et de me faire passer pour le plus incompétent des traducteurs, un inoffensif écrivain raté, afin de mieux commettre mes méfaits. » 

Mais derrière ce traducteur falsificateur se cache peut-être un écrivain qui s’ignore. C’est encore Madame ou plutôt sa dame qui va l’encourager à y penser sérieusement. 

« Que pourrais-je bien avoir à raconter qui n’ait déjà été dit ? » 

Et à force de chercher l’inspiration auprès des bandits, il va trouver le moyen de se faire enlever pour écrire les exploits de l’un d’eux. De quoi mettre de l’eau à son moulin et de la suite dans ses idées qui peinent à venir. 

« C’était bien gentil, ces petites confessions, mais je n’avais aucune envie de les entendre. Encore moins d’en faire un roman. Déjà que je n’arrivais pas à en écrire moi-même… Passer de traducteur à nègre, est-ce une promotion quand on aspire à devenir écrivain ? » 

Et pour ce qui est de la littérature, elle est partout au hasard de ces pages… 

Du traducteur, à l’éditeur, de l’écrivain aux références littéraires, du voyou au nègre, du tapuscrit au bouquin, il suffit de lire entre les lignes de ce melting-pot littéraire écrit par un brodeur, qui ne fait pas toujours dans la dentelle, argotant ici et là, un véritable orfèvre des mots qui a du bien s’éclater en écrivant ce roman tout en profitant au passage, mine de rien pour régler quelques comptes avec le milieu avec une belle ironie et beaucoup d’esprit. 

« C’est la preuve que la littérature a une vie propre, elle est un courant d’énergie dont les traducteurs sont les meilleurs conducteurs. » 

Alors de la littérature ou Pas de littérature ? What is the question ? À mon avis pour vous faire une idée , il suffit de le lire, et croyez-moi ça mérite que vous vous y intéressiez, vous n’êtes pas à l’abri de vous bidonner au passage en plus d’ajouter à votre culture de nouvelles références. 

Pour info : 

Sébastien Rutés, universitaire, maître de conférences, il a publié plusieurs essais et de nombreux articles consacrés à la littérature latino-américaine. Il a écrit entre autres Monarques avec Juan Hernandez Luna, publié en 2015 par Albin Michel. La vespasienneen 2018, mélancolie des corbeaux en 2011, la loi de l’ouest en 2009, le linceul du vieux monde en 2008.

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